Éléments biographiques
Né à La Redorte, dans l’Aude, en 1948, Philippe Cazal vit et travaille à Paris et à Bagnolet. Philippe Cazal a fait ses études à l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs à Paris (1969-1973). En 1975, il est cofondateur du groupe Untel qui réunit Jean-Paul Albinet, Philippe Cazal, Alain Snyers (1975-1978) puis Wilfrid Rouff (1978-1980). A partir de 1980, il reprend un travail personnel après avoir organisé à New York l’exposition Une idée en l’air qui réunit 25 artistes français dans 9 lieux (Artist Space / Alternative Museum / Franklin Furnace / Grommet Studio / The Clocktower / Fashion Moda / PS 1 / White Columns / …). En 1984, il édite la revue Public, Archives contemporaines internationales. Sa première exposition personnelle a lieu en 1984 à la galerie J&J Donguy à Paris. Il enseigne à l’École nationale supérieure d’art de Dijon.
Petite chronologie
Philippe Cazal fait d’abord des interventions et des assemblages d’objets qui se réfèrent à la société de consommation (série des Conservations). Avec Untel, il effectue une analyse critique de La vie quotidienne en milieu urbain par des prélèvements d’informations, des interventions, des actions, des expositions, des textes, des photographies, des découpages de presse, etc. Le groupe procède à des interventions dans l’espace urbain, impliquant le public, les passants et, à travers eux, la société dans ses contradictions. Ils exposent des documents-constats de leurs préoccupations, de leurs interrogations insérées dans la réalité sociale, politique, économique, dans le quotidien.
En 1975, Philippe Cazal commande sa signature d’artiste à l’agence de graphisme parisienne : Minium. Un logo pour son nom qui constituera désormais sa signature « d’artiste publicitaire », son double (PC ou Philippe Cazal dans un bandeau noir et blanc). Il devient une « image de marque », détournant les codes de la publicité et du marketing. Dans les années 1980, dans le même esprit, il use d’une mise en page publicitaire dans des installations et collages photographiques, se met en scène comme produit (L’artiste dans son milieu, 1985). À partir de 1986, il utilise également des enseignes lumineuses pour mieux réfléchir sur les relations entre texte et image. Les mots-images, les slogans, peuvent aussi être peints ou collés sur les murs, sérigraphiés, découpés sur différents supports, offrir divers niveaux de lectures (dialectique/politique/poétique), être parfaitement lisibles ou sembler perdre leur sens. Plus récemment, il réalise des vidéos (2005 : Pas de danse / Khadija / Drapeau noir), des installations (Le Saut de la puce, Passage Retz à Paris, 2006 / UNTITLED UNTILTED, Villa du parc à Annemasse, 2008) ou intervient dans l’espace urbain pour répondre à des commandes (Tour de contrôle de l’aéroport de Rennes, 2005 / Ciné Manivel à Redon, 2009 / Monument aux victimes de la passerelle du Queen Mary 2 à Saint-Nazaire, 2009).
À contre-courant de notre société de l’image, dans laquelle la richesse du sens est réduite à la communication instantanée d’un « message », Philippe Cazal constitue des œuvres dont l’apparente simplicité repose sur de multiples « strates de lecture. » Connu pour ses détournements des usages publicitaires et médiatiques, et pour ses travaux sur les mots et la typographie, Cazal déploie son activité d’artiste indifféremment à travers la performance, la peinture, la sculpture, la photographie, le livre et la vidéo.(Larisa Dryansky, extrait du texte du catalogue Festival photo et vidéo de Biarritz 2006)
P.C/P.L.T.